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Il existe chez nous tous un moment particulier :
Un moment où solitude et affliction sont associées.
On sait que le moment va être dur à supporter
Mais la pudeur nous pousse à nous isoler.
Cet instant où tout à coup et sans toujours de vraie raison,
Notre cœur est éventré par un puissant poison.
Les anciennes cicatrices se déchirent et alors suintent
Les chaudes larmes de sang de l’âme atteinte.
Telle une perforation accrochée par un poinçon,
Notre âme se déchire lentement sous l’effusion.
On ne dit plus rien, on palpite, on respire fort,
L’estomac se noue, et le bonheur s’évapore.
Les yeux se mouillent mais les larmes ne coulent pas,
Et un violent mal de tête apparaît parfois.
Le désespoir commence alors à opérer
Et met en nous cette idée de fatalité.
On se prend alors pour un bon à rien :
Un fou incompris qui souffre en vain,
Mais la situation semble sans issue ;
On est meurtri, seul, et déçu.
Survient alors une autre étape au voyage ;
C’est souvent la plus longue : celle qui noirci la page.
Une déprime profonde et éprouvante
Qui se montre perfide et persistante.
L’envie de distraction s’échappe, et on préfère s’ennuyer.
On reste des heures assis sans bouger dans un canapé.
La faim petit à petit se retire à son tour
Et on semble devenir autant muet que sourd.
C’est là que survient la chute de notre âme :
Quand devant le précipice on se souvient des blâmes.
Les déchirures nous tirent vers ce gouffre sans fond
Et si quelqu’un nous rappelle, notre cœur coupe le son.
Seuls devant nous-mêmes, nous avançons dans le vide
Comme un animal épuisé qui cède à sa bride.
La chute nous fait peur, mais elle nous soulage ;
On se laisse aller en attendant le carnage.
C’est là qu’on se rend compte qu’au fond, il y avait un sol
Et qu’aussi bas soit-il, après l’impact, il nous console.
On redevient conscient de ce qu’il y a en haut
Mais il est bien trop tard ; on a sauté trop tôt.
La dernière étape reste la seule optionnelle :
Celle où de tout en bas on contemple le ciel
Et que la quantité de sang qui a coulé des plaies
Décide à notre place si on peut remonter.
Quand on trouve la force pour s’agripper aux parois,
On peut espérer un jour pouvoir sortir de là,
Mais on sait qu’au fond de notre cœur ces cicatrices
Pourront encore s’ouvrir comme jadis.
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