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Rêve éveillé
L'atmosphère semblait particulièrement étrange,
Nul bruit, pas même le chant d'un oiseau...
Je me dirigeais d'un pas feutré vers la grange
Lorsque je fus absorbée par le siroco...
Je me retrouvais dans une ouate lourde et étouffante
Le souffle court et saccadé,
Une moiteur sourde et suffocante
S'agrippait à moi, à la désespérée...
Reprenant ma respiration,
Attendant que s'estompent,
Les battements intempestifs,
De mes tempes en déraison,
De mon coeur prêt à se rompre,
En des assauts convulsifs,
Je compris être ensevelie
En un nuage amphibie...
Une odeur d'ozone et de souffre
Pénétrait en ma peau,
Je ruisselais en ce gouffre
Coincée en ce fourreau...
Sur les pans de ma chemise
J'essuyais mon front et mes mains moites,
Puis je repris quelque maîtrise
D'une assurance maladroite...
Ma peur décroissant
Je m'engahardis à exécuter quelques pas,
Angoissée de m'enfoncer
En cette vapeur océan,
De me conclure en oméga,
De m'achever, de succomber...
Le brouhaha de l'extérieur
Me ramena vers queque lucidité,
Je percevais de la vie les saveurs
"Encore un effort...je vais y arriver".
J'émergeais timidement de ce brouillard,
Sortant prudemment une main, un bras, un pied, une jambe
Grande fut ma stupeur:
Je sentais bien la chaleur
Mais de mes yeux hagards
Je ne puis discerner mes membres...
Je me dirigeais vers la rivière
Où de jeunes enfants s'ébrouaient,
Je trempais mes doigts dans l'eau claire
Et voulais voir mon reflet...
"Regardez, regardez, l'eau bouge toute seule !
Oui regardez, regardez , là sous le tilleul !
C'est comme si l'herbe se couchait sous des pas
Mais y'a personne, du moins on ne la voit pas !"
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