Entre ciel et terre…
Surprendre le vent en furie et chanter l’hymne que la vie oppose au trublion de l’amour.
Alors que jamais la mort, fidèle compagne du temps qui sévit, ne pleure sa solitude délabrée,
Je vole de cimes en cimes, survolant l’éphémère destin de ces multitudes enracinées,
A l’abri de mes remords cruels et indifférents, jusqu’au funeste salut du sombre troubadour.
Les champs de blé mûrissent sous un soleil de plomb, et le cri des sinistres corbeaux,
A l’orée des bois ensorcelés, ne troublent pas la monotonie inquiétante de l’instant.
Le tintamarre d’un lointain clocher vide les champs de ses laborieux manants.
Présage de repas frugaux et de prières silencieuses devant la soupe fumante en oripeaux.
Viens le temps presque digéré de l’après, contes et merveilles racontés au coin du feu
Se reflétant dans les yeux écarquillés des enfants en quête d’aventure et de magie…
Trois coups sur la porte en chêne retentissent violemment dans les cœurs soumis !
Mais quel est ce bruit qui suspend la main vengeresse du blanc chevalier si preux…
Le père se lève, la fourche à la main et le muscle soudain en éveil, qui diable a cette heure ?
Juste le voisin, entend-t-il derrière la porte barricadée…les poitrines retombent alors,
Suspendues qu’elles étaient à la plus haute branche de cette minute semblable à la mort
Crier, rire, boire et danser même, finissant par s’endormir à en oublier ses malheurs.
La nuit est noire et menaçante, même l’effraie s’est tue, toute proie étant immobile.
La cheminée de la maison crache ses derniers volutes en spasmes rougeoyants
Et le vent calmé, s’introduisant délicatement, souffle la dernière bougie du temps.
Je m’envole, et de cimes en cimes, à survoler l’éphémère destin des multitudes serviles,
Je pleure ma solitude…