Il est des lieux, il est des moments
Que l’âme ravie contemple
Avec un discernement larmoyant
L’œil de dieu sur son temple…
A l’ombre de tes rameaux
Brocéliande mystique que je parcours en tout sens
Perdu dans les méandres de tes sentiers inconnus
Au milieu de tes chênes , compères de mon enfance
Je me repais des senteurs de tes sombres avenues
Vie et trépas sont tes convives à ce repas de géant
Même le regard de Dieu n’ose percer tes ombrages
Car il sait que ton ventre nie les mensonges du néant
Qui voudrait que ton obscurité soit mort et dépeçage
Légendes idiotes qui font frémir d’effroi les enfants
A l’heure où les loups se marient avec la grise lune
Et apparaissent griffes acérées et yeux rougeoyants
Offrant à leurs rêves les obscurs tourments nocturnes
Souvenirs éternels de tes sortilèges séducteurs
Dieu, un jour, a éclairé mes pas dans tes sous-bois
M’a montré ce majestueux cerf défiant les veneurs
Frapper du sabot la terre de ses ancêtres gaulois
J’ai vu le vif écureuil voler de branches en branches
Le renard fauve raser le sol plus vite que l’éclair
Le lièvre soupçonneux renifler la mauve pervenche
Et la blanche hermine à ton orée, humer de son flair…
Oublié mes cauchemars et mes peurs d’antan
Ma forêt, mon amie depuis devenue ma maison
Mon havre de paix partagé avec les titans
Heureux, je m’endors sous tes frondaisons…