Ils regardent le rond de leur verre vide
dans la lumière des boulevards
l’asile est sûr croyez-le bien
entassés au fond d’un repaire sombre
unis ou seuls démunis parfois
au milieu des fouets de l’extase
ils fixent le sang des étoiles qui éclabousse le ciel
partout sur terre ce sacrifice infâme
ces images blêmes qui se forment
comme des suaires
jamais tu ne seras un jour sans penser à la lumière
ou à la joie ou à l’amour
héros de cendres
fous des aboiements rauques
qu’on entend au crépuscule au fond des forêts
comme eux ils ont cédé leur place au silence
un soir où il ne faisait même pas froid
déjà s’éloigne la rive des villes féeriques
ils emportent l’amour peut-être
dans le rond de leur verre vide
la voix des sirènes hurle à en mourir
ils sont dans la joie folle des ivresses
comme des corps glorieux.