Toi, qui a fait cela.
Que tu sois seul, ou que vous étiez plusieurs.
Que tu sois normal, ou en désordre intérieur.
Où que tu sois, à t’affairer dans la dissimulation.
Si tu lis ces lignes, sache que ton mutisme est ta torture.
Chaque jour, tu seras hanté.
Les images de l’enfant défileront dans ta tête, en boucle.
Tu ne pourras pas les effacer,
ni pendant ton sommeil, ni éveillé.
Ton silence assourdissant te crèvera les tympans.
Ils entendront un écho qui ne tarira jamais.
En toi, dans l’effroi et l’obscurité apeurante,
la chair de ton âme
sans cesse cernée par les souvenirs
se putréfiera chaque jour un peu plus.
Tu t’endormiras tourmenté.
Tu te réveilleras en sueur.
Parce que tu as assassiné l'insouciance.
Parce que tu as profané l’Essence…
Toi, si tu parcours ces lignes, livre-toi.
Pour que ne grandisse pas en toi
ce cauchemar qui te rongera,
qui vaut bien moins que celui
infligé à la famille de l’enfant.
Livre-toi, de grâce, livre-toi !
Tu n’as pas d’autres choix…
(poème d’hommage à Alexandre, jeune palois disparu le 4 juin à Pau, un de ses membres retrouvé dans le Gave en début juillet)