Voyage
Cet instant prodigieux, la pensée assoupie
Et le cœur en mêlée, qui dévoile à nos âmes
Le lointain horizon, toutes voiles sorties
De ces frêles sampans, du royaume de Siam…
Et le vent qui emporte, vers ces hautes montagnes
Le son lourd et magique, des cloches du monastère
Perché sur les rochers, la neige pour compagne
En foulards chamarrés, Lhassa et ses mystères…
Des sommets éternels, aux rivages de jade
L’aigle devient dauphin, troquant ses fières plumes
Pour filer à l’avant, de ce trois mats en rade
Surfeurs en goguette, Tahiti dans l’écume…
Sur la glace brisée, un frisson solitaire
Un ours qui observe, figé et menaçant
Le jour blême qui offre, ses ombres délétères
Promesse d’indian summer, au Canada géant…
Matins chauds et obscurs, de cette jungle humide
Aux lianes emmêlées, que la lame découpe
Avenue de calvaire, au mercenaire avide
En tristes oripeaux, quémandant l’aigre soupe…
Dans l’âtre feu crépite, réveillant l’endormi
Le chien s’étire et baille, les oreilles en drapeau
Cet instant merveilleux, où l’esprit alangui
Se repaît de ses songes, et s’enfuit de nouveau…