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Ton bal jusqu'à pis hier
Jouait dans mes soupentes
Au son d'une musique
Dont l'ombre déportée
Comptait un pied de biche
En guise de clé de sol
Cliquetis de pétales
Sur choeur de barbelés
Ton sourire Manon
Tu me l'avais cédé
Pour une bouchée de pain
L'ai mâché remâché
Disputé aux molosses
A la bave des kapos
L'ai enfoui sous ma langue
Ton ruban de Möbius
Je m'en suis fait un noeud
Coulant
Jusqu'à péremption
De l'élasticité
En me pendant sans cesse
Aux hampes des drapeaux
Sur fond de staccatos
Des larmes automatiques
Ton sourire Manon
Jadis éclaboussant
Comme une pastille de menthe
Jadis effervescent
Comme un bond d'impala
N'était plus qu'un bubon sur une flaque stagnante
Que je persistai pourtant à mâchouiller
Et encore et encore
Même pas dégoûté
Jusqu'à saveur nada
Sur fond de miradors
De Bergen à Belsen
Heureusement que ton puits
Manon
N'a pas de fond
Heureusement que demeure
Dans mon placard hanté
Aux fragrances naphtaline
Ton corps origami
Heureusement que je puis
Parcourir en pleurant
De mes doigts crevassés
Tes fibres éoliennes
Tes veines de peuplier
Tes rides de sapin
Et ainsi demeurer
Dans tes petits papiers
Jusqu'à la fin des faims
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