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Sur le quai de gare de la vie un jour le train passe et nous emmène
Sans nous demander notre avis pour nous faire devenir bohème.
Dans ce train qui nous prend là comme on prendrait un otage,
On n’a aucun moyen de sauter pour partir loin de ses rouages.
On a beau montrer les dents et prévenir qu’on a la rage
Mais quand on est dedans on change vite de paysage.
Y’a des secousses et des tunnels, des nausées et de la vitesse
Et on se dit que le conducteur est surement en état d’ivresse.
Comme par hasard y’a des escales juste là où on ne les veut pas ;
Et bien plus que des heures, elles peuvent durer plusieurs mois.
On voit des gens sauter en route mais ils ne s’en sortent jamais
Car la vitesse du train de la vie n’est vraiment pas de leur coté.
D’autres restent calmes et tout le long ferment les yeux ;
Il parait que c’est ces gens là qui arrivent à devenir vieux.
Certains préfèrent dormir pour cacher la réalité :
Après tout pourquoi s’enfuir alors qu’on peut tout occulter ?
Il arrive que l’on croise un train qui emmène d’autres passagers,
Et pour tous, le sang se glace pendant les regards échangés.
C’est ici que parfois un lien vraiment très fort peut se créer ;
Entre tous ces regards, deux qui cherchaient se sont trouvés :
Une amitié se forme et on est plus jamais le même.
On ne veut plus sauter, mais nait alors un autre problème :
On voudrait bien changer de train mais c’est un sport bien trop extrême,
Alors la vie de ces deux là devient dans l’esprit un tandem.
Certains ont rigolé en disant que ça sert à rien ;
Que de vivre pour deux c’est multiplier les besoins ;
Qu’il faut savoir penser à soi sans se soucier des conséquences
Et que tant pis pour les autres si c’est la fin de l’espérance.
J’ai depuis traversé de nombreux et longs tunnels
Dans un noir total et une dimension irréelle,
Mais une étoile restait là, sur ce plafond noir en béton
Cette même étoile que j’avais croisé dans l’autre wagon.
Les années sont passées, et je me suis assis enfin ;
Mes mains sont fatiguées de toutes les vibrations du train.
Je sens que le voyage va se terminer bientôt ;
La sonnerie de fin a retentit dans le micro.
Je ne regrette rien, car j’ai visité du pays,
Ce n’était pas facile mais j’ai au moins vécu ma vie.
J’ai connu de grands abysses mais aussi des hauts sommets
Et j’ai su ponctuer ma vie pour faire d’elle un beau sonnet.
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