Pour Laurence...
J’ai perdu ma route mais j’ai son regard.
Elle porte l’amour dans une jarre.
Les nuages sont lourds et le ressac
Compte les jours comme une arnaque.
Je me suis perdue, au loin, au large.
Une voix s’était tue, celle du sage.
Et milles vertus brulaient de rage
Devant l’étendue de mes outrages.
J’étais bien seule dans ce marasme
Comme un tilleul qui perd la face
Lorsque le promeneur passe
Et le voit, sans enthousiasme.
J’étais la tempête, brisant les fenêtres
Trop de colères secrètes, de haine.
Comme on interprète une tragédie grecque
Je me fermais, en retraite, en peine.
En méditation au bord du lac
Elle a sorti l’amitié de son sac.
Un cœur, un vrai et l’audace
D’appliquer sur le mien, en cataplasme
Ses deux grands yeux noirs
Ronds comme des miroirs.
Avec dans le fond du regard,
Une douceur qui vous répare.
J’ai perdu ma route mais j’ai son regard.
Elle porte l’amour dans une jarre.
Les nuages sont lourds et le ressac
Compte les jours comme une arnaque.